Allez-vous vraiment faire ça ?
(...) Que ceux qui ressemblent à Nicolas Sarkozy, ou qui croient qu’il
leur ressemble, que ceux-là votent pour lui, quoi de plus normal. Que
ceux qui lui font sincèrement confiance pour améliorer leurs dures
vies, que ceux-là l’acclament et votent pour lui, quoi de plus normal.
C’est même estimable.
Que les grands patrons votent Nicolas Sarkozy,
pas tous d’ailleurs, loin s’en faut, non, mais par exemple les grands
patrons de presse, qu’on a vu si nombreux, si heureux, à Bercy
dimanche, qu’ils votent pour leur copain, qui va vraiment améliorer
leurs belles vies, c’est moins estimable, mais quoi de plus normal?
Mais vous, une respiration possible, un air nouveau, un espace de
travail politique, une chance espiègle, ça ne vous dit rien ? Vraiment
rien ? Mais qu’est-ce qui vous fait si peur ?
Les Italiens ont enfin
chassé Berlusconi, les Espagnols, après une grande douleur révélatrice,
se sont débarrassés d’Aznar, et voilà que nous, à quelques milliers de
voix près, nous allons repasser le plat de la droite dure ?
Il y a un pari à prendre contre une certitude sombre, et vous ne pariez pas ?
Quels
désirs obscurs allez-vous satisfaire ? De qui donc, de quoi êtes-vous
secrètement solidaires. Ce ne peut-être que du bien de ceux qui ont
besoin, vitalement, de mieux être. Vitalement. Maintenant.
Supporterez-vous dimanche soir d’apprendre qu’il a manqué une voix ? Une seule. La vôtre.
Je vous en supplie.
• Ariane Mnouchkine •
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